Les «sugar babies»: un phénomène inquiétant qui gagne en popularité
Il semble que nous ayons assisté dans les dernières années à l’émergence d’un phénomène qui gagne en popularité, celui des «sugar babies». Des sites de rencontre tels que Seeking Arrangement facilitent la rencontre entre des jeunes femmes endettées et des hommes fortunés qui «recherchent leur compagnie» en échange de cadeaux ou d’un entretien financier. Les étudiantes universitaires seraient les plus touchées par le phénomène, alors qu’elles représenteraient 42% des membres du site Seeking Arrangement. L’Université McGill arrivait au deuxième rang des nouvelles inscriptions en 2014, avec un total de 161 inscriptions pour cette année-là, portant à 417 le nombre de membres provenant de cette université.
De la prostitution déguisée? C’est ce que soutiennent plusieurs intervenantes et intervenants comme cette étudiante d’une université américaine qui fait état du pouvoir que les hommes détiennent dans ce genre de relation: «I was seeing a psychologist I met … who flew me out to San Francisco to meet him. After I was with him for a few nights, he pressured me into having sex with him without a condom. I complied because I thought that if he had a good time, he would want to see me again and be willing to support me financially. But I just left with a bad feeling. I realized the power dynamic would always benefit the guy more than it did me. I’m done with sugaring, even if it means that I will have to delay my education longer.» Bien que l’échange de services sexuels ne soit pas explicitement formulé au départ, il constitue une attente implicite de la part des «sugar daddies», comme en témoigne les propos précédents.
Alors que ces sites de rencontre vendent un style de vie glamour aux jeunes femmes, les conséquences peuvent s’avérer lourdes. La peur de rencontrer des anciens «clients» dans le cadre d’une carrière professionnelle ou les «trous» dans son CV qui en résultent accroissent la difficulté à sortir de cette industrie. Les «sugar babies», euphémisme pour désigner ce qu’il en est réellement, semble donc fonctionner comme une porte d’entrée dans l’industrie du sexe pour des jeunes femmes endettées. D’ailleurs, le fait que Brook Urick, porte-parole de Seeking Arrangement, compare les clients de leur entreprise à Christian Grey, protagoniste du film fortement critiqué Fifthy Shades of Grey, est plutôt révélateur et n’a rien de rassurant…
(1) Voici un reportage produit par la CBC portant sur le phénomène. Bien qu’il ne se prononce pas explicitement en défaveur de la pratique, il semble être à ce jour la seule immersion plus poussée dans ce milieu.