Le nouveau gouvernement libéral aura-t-il enfin le courage de lutter contre l’exploitation sexuelle?

Lettre publiée au Journal de Montréal le 12 mai 2025, co-signée par Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (Montréal), Coalition féministe contre la violence envers les femmes (Montréal), CALAS de l’Outaouais (Gatineau), CALACS Entraid’Action (Shawinigan), CALACS de Trois-Rivières (Trois-Rivières), CALACS francophone d’Ottawa (Ottawa), CALACS Châteauguay (Châteauguay), Calacs l’espoir des Îles (Îles de la Madeleine), Point d’appui (Rouyn-Noranda), Maison de Marthe (Québec), Un toit pour elles (Montréal), CALACS La Chrysalide (Mascouche), Mouvement contre le viol et l’inceste (Montréal), Aboriginal Women’s Action Network (Vancouver),Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter (Vancouver), Persons Against Non-State Torture (Truro), Vancouver Lesbian Collective (Vancouver), EVE (formerly Exploited Voices now Educating) (Vancouver) MMIWG2S+ Urban Indigenous Action Group (UIAG), CALACS Agression Estrie (Sherbrooke) Asian Women For Equality (Vancouver)

Pour lire la lettre sur le site du Journal de Montréal, cliquez ici.

Le Parti libéral vient d’être reconduit au pouvoir. Une question importante s’impose: ce gouvernement aura-t-il enfin le courage de prendre fermement position contre l’exploitation sexuelle et pour le financement de l’aide aux victimes?

En 2014, le Canada a adopté une législation abolitionniste de la prostitution, inspirée du modèle d’égalité suédois, mis en place pour la première fois en 1999, dans le but de lutter contre l’exploitation sexuelle.

Cette loi vise à protéger les personnes les plus vulnérables de notre société, principalement les femmes et les filles, en décriminalisant celles qui vendent leurs propres services sexuels, tout en criminalisant les clients et les proxénètes. Elle reconnaît la prostitution comme une forme de violence fondée sur le genre, et non comme un simple travail.

Application inégale
Or, malgré cette avancée législative progressiste, son application demeure inégale à travers le pays. Il revient maintenant au gouvernement libéral d’assumer pleinement sa responsabilité en veillant à ce que cette loi soit mise en œuvre de manière cohérente et efficace dans l’ensemble des provinces et territoires. Trop peu de Canadiens et de Canadiennes sont au fait de cette loi.

À quand une campagne nationale pour informer que les clients de la prostitution commettent une infraction criminelle passible d’arrestation, tandis que les personnes qui offrent leurs services sexuels bénéficient d’une immunité juridique?
Il est temps de porter notre attention sur le choix délibéré des hommes qui paient pour avoir accès au corps des femmes. Ces dernières, bien souvent, n’ont pas les mêmes options. Leur présence dans la prostitution est la conséquence directe d’oppressions systémiques, sexistes, classistes et racistes, qui touchent de façon disproportionnée les personnes marginalisées et en situation de précarité. Cette réalité préoccupante souligne l’urgence d’un changement à la fois structurel et social, ainsi que la nécessité de mieux protéger les personnes les plus vulnérables à l’exploitation sexuelle.

Une campagne nationale de sensibilisation s’impose d’urgence pour informer la population canadienne de la réalité de la prostitution, qui s’inscrit dans le continuum des violences faites aux filles et aux femmes. L’achat de services sexuels constitue un crime contre la personne aux conséquences graves, tant pour les personnes concernées que pour la société dans son ensemble.

Faire respecter la loi
En adoptant sa loi abolitionniste il y a onze ans, le Canada a fait un choix de société fort: celui de refuser de considérer la marchandisation et l’objectification du corps des femmes comme normales. Nous pouvons être fiers de ce cadre légal qui témoigne d’un engagement réel en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais une loi non appliquée est une loi inutile.

Nous appelons donc le nouveau gouvernement libéral à passer à l’action: à faire respecter la loi abolitionniste en vigueur, à lancer une campagne nationale d’information, à financer adéquatement les services destinés aux victimes d’exploitation sexuelle dans le cadre d’un véritable programme de sortie, et à rétablir un ministère pleinement dédié à la Condition féminine.

Ce n’est qu’avec une volonté politique forte et des mesures concrètes que le Canada pourra espérer éliminer l’exploitation sexuelle et progresser vers une égalité réelle entre les sexes.

Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle, Montréal

Coalition féministe contre la violence envers les femmes, Montréal

CALAS de l’Outaouais, Gatineau

CALACS Entraid’Action, Shawinigan

CALACS de Trois-Rivières, Trois-Rivières

CALACS francophone d’Ottawa, Ottawa

CALACS Châteauguay, Châteauguay

Calacs l’espoir des Îles, Îles de la Madeleine

Point d’appui, Rouyn-Noranda

Maison de Marthe, Québec

Un toit pour elles, Montréal

CALACS La Chrysalide, Mascouche

Mouvement contre le viol et l’inceste, Montréal

Aboriginal Women’s Action Network, Vancouver

Vancouver Rape Relief & Women’s Shelter, Vancouver

Vancouver Lesbian Collective, Vancouver

EVE (formerly Exploited Voices now Educating), Vancouver

Persons Against Non-State Torture (NST), Truro

MMIWG2S+ Urban Indigenous Action Group (UIAG)

CALACS Agression, Sherbrooke

Asian Women For Equality, Vancouver