La sexualité des jeunes n’est pas un produit de consommation

Extrait de la lettre d’opinion de Sophie Cengarle-Samak parue dans La Presse le 18 septembre 2024.

« La rentrée 2024 se fait sous le signe du nouveau cours de culture et citoyenneté québécoise (CCQ) qui aborde des thèmes variés tels que la démocratie, l’ordre social, l’identité, l’autonomie et l’éducation à la sexualité.

Les enseignants se retrouveront inévitablement devant des situations délicates, notamment en deuxième et quatrième secondaires, où ils devront aborder la question de la violence sexuelle. Parmi ces formes de violence, l’exploitation sexuelle requiert une attention particulière, car elle touche de nombreux jeunes à travers la province. L’éducation à la sexualité, telle que définie dans le programme de CCQ, vise à promouvoir l’égalité des sexes, le respect de soi et d’autrui, tout en prévenant la violence sexuelle. Cette vision se heurte cependant aux intérêts économiques qui marchandent le corps des jeunes filles, réduisant leur sexualité à un simple produit de consommation.

Beaucoup de jeunes entrent volontairement dans la prostitution, influencés par l’idée qu’il s’agit d’un « travail » comme un autre. Sur TikTok, des proxénètes recrutent en promettant beaucoup d’argent pour un travail prétendument ordinaire.

Le grooming, désormais presque toujours en ligne, est une technique de manipulation par laquelle un individu établit une relation de confiance avec un mineur pour préparer des abus sexuels ou d’autres formes d’exploitation. Les jeunes filles appartenant à des groupes ethniques minoritaires et les jeunes de la communauté LGBTQ+ sont particulièrement vulnérables. La recherche Ça accélère tout démontre d’ailleurs comment les réseaux sociaux facilitent l’entrée des mineurs dans la prostitution.

Le cours de CCQ est une belle occasion pour déconstruire cette sous-culture, qui banalise ces activités en présentant le corps des jeunes comme un simple outil pour gagner de l’argent, et la prostitution comme un moyen facile d’accéder à un mode de vie luxueux.

Prévenir l’exploitation sexuelle
La Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs de 2020 recommande d’ailleurs d’intégrer des contenus sur la prévention et les risques de l’exploitation sexuelle dans les cours d’éducation à la sexualité. On y suggère d’aborder le consentement, les relations interpersonnelles saines, l’estime de soi, le respect et l’usage sécurisé des médias sociaux. Ce sujet s’intègre parfaitement à la thématique Justice et droit du cours de CCQ.


Il s’agit là d’une occasion précieuse d’expliquer aux élèves la loi canadienne qui criminalise l’achat de services sexuels et les actes de ceux qui en tirent profit (clients et proxénètes), tout en décriminalisant et protégeant les personnes en situation de prostitution.
Ainsi, les jeunes victimes prises dans l’engrenage de l’exploitation sexuelle sauront ainsi qu’elles ne feront jamais l’objet de poursuites criminelles, même si leurs proxénètes tentent de leur faire croire le contraire….»

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