Chers élu.e.s, le moment est venu d’interroger Pornhub sur sa responsabilité sociale envers les jeunes
Dans le cadre de la Commission spéciale sur les écrans et réseaux sociaux, vous rencontrerez les dirigeants de Pornhub et aurez l’occasion d’avoir un échange transparent avec leurs représentants. Si nous avions l’occasion d’être à vos côtés, voici ce que nous demanderions.
À la suite des nombreux recours collectifs et scandales liés à la présence de contenus pédopornographiques, de viols et de vidéos partagés de façon non consensuelle, vous avez annoncé avoir modifié le fonctionnement de votre plateforme web en supprimant 80 % des contenus jugés illégaux et en mettant en place des mesures de contrôle de l’identité des utilisateurs téléversant du contenu pornographique. Aylo a d’ailleurs précisé dans un courriel adressé à La Presse que ces mesures incluent un programme de vérification utilisant la reconnaissance faciale biométrique afin de confirmer l’identité du fournisseur de chaque vidéo téléversée et une vérification du consentement de chaque personne que la compagnie appelle des «coperformeurs».
Est-il juste d’affirmer que le consentement des « coperformeurs » ne sont pas soumis à la même rigueur de vérification de reconnaissance faciale ? Est-il juste d’affirmer que le processus de vérification repose en grande partie sur la documentation fournie par la personne qui téléverse le contenu et que celle-ci pourrait être falsifiée ou manipulée par une personne mal intentionnée ? Pouvez-vous expliquer comment le consentement de chaque individu, chaque « coperformeur », apparaissant dans les vidéos est garanti, et pas seulement celui de la personne qui télécharge la vidéo ?
Dans la vaste enquête de Laila Mickelwait ayant mis les projecteurs sur le laxisme de Pornhub en matière de gestion de contenu pédopornographique, plusieurs victimes ont rapporté des délais importants pour faire retirer des vidéos, même après avoir fourni des preuves. On y apprenait également que le nombre de modérateurs était nettement insuffisant pour traiter efficacement le volume de contenu téléchargé. Aujourd’hui, comment fonctionne votre processus de signalement et quel est le temps moyen nécessaire pour supprimer les contenus illicites une fois signalés ? Combien de modérateurs avez-vous engagés pour traiter efficacement le volume de contenu téléchargé ?
Tout comme les entreprises de vente d’alcool et de produits du tabac ou encore les entreprises qui vendent des produits liés à la sexualité, communément appelés sexshop, ont la responsabilité de s’assurer qu’elles ne vendent pas ce type de produits aux jeunes, vous avez la responsabilité de prévenir l’accès des mineurs à des contenus pornographiques. Estimez-vous prendre des mesures aussi rigoureuses que ces entreprises pour restreindre l’accès à vos contenus ? Concrètement, quelles mesures mettez-vous en place pour empêcher l’accès des mineurs à votre plateforme ? Étant donné que vous utilisez déjà un processus de vérification de reconnaissance biométrique pour les personnes qui téléversent des vidéos sur Pornhub, pourquoi ne pas l’appliquer à tous les utilisateurs, consommateurs, du site afin de garantir que l’accès au contenu pornographique soit restreint aux adultes uniquement ?
Finalement, nous aimerions demander aux représentants de Pornhub ce qu’ils pensent des effets de la consommation d’une pornographie qui normalise et banalise trop souvent les violences faites aux femmes sur les jeunes. Estiment-ils qu’une exposition répétée à ces vidéos pourraient façonner et influencer leur développement psychosexuel ?
Signataires
- Sophie Cengarle-Samak, chargée de projet aux Espaces V.I.E. et enseignante
- Martine B. Côté, doctorante en Droit
- Jennie-Laure Sully, organisatrice communautaire à la Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES)
- Julie Antoine, coordonnatrice générale de la Coalition Féministe contre la Violence envers les Femmes (CFVF)
- Jay Dionne, survivant.e. et militant.e. féministe
- Noémie Villecourt, survivante d’exploitation sexuelle et maman
- Marie Soleil Desrosiers, intervenante liaison au CALACS de Trois-Rivières
- Marie-Michèle Withlock, intervenante au CALACS Agression Estrie
- Stacey Caceus, co-fondatrice Amistad PIR
- Corinne Vézeau, coordonnatrice de projet à la Maison de Marthe
- Sylvie Brunelle, militante féministe
- Judith Sasseville, sexologue
- Joannie Lasnier, militante féministe
- Virginie Dostie-Toupin
- Anne-Josée Péloquin, directrice adjointe de La Méridienne
- Le collectif Asian Women for Equality
- Bailaou Diallo, coordonnatrice Un toit pour elles
- Maude Dessureault-Pelletier, M.A. T.S., Intervenante sociale en exploitation sexuelle, CALACS du Saguenay;
- Christine Audet, Responsable des luttes collectives et de la vie associative, CALACS du Saguenay
- Geneviève Villeneuve, Agente administrative, CALACS du Saguenay
- Virginie Tremblay, Intervenante sociale, CALACS du Saguenay
- Sabrina Gobeil, Intervenante sociale, CALACS du Saguenay;
- Naomie Couture, T.T.S., Intervenante sociale, CALACS du Saguenay;
- Joannie Desbiens Dionne, T.S. Responsable du volet prévention et concertation, CALACS du Saguenay;
- Gabrielle Perron, T.S. Intervenante sociale, CALACS du Saguenay;
- Julie Durand, T.S., intervenante sociale, CALACS du Saguenay;
- Jade Mathieu, Intervenante sociale, CALACS Châteauguay